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Carnet de sourcing Ethiopie, octobre 23 - Partie 1

Published 01.12.2023
Carnet de sourcing Ethiopie, octobre 23 - Partie 1

Éthiopie octobre 2023

Khalid Shifa Farm

Jimma 

Le monde change vite, celui du café aussi. 

Après l’euphorie des dix dernières années et le boom du café de spécialité, qui rendait permis tous les espoirs pour une filière et une consommation plus qualitative et vertueuse, l’heure est à l’inquiétude. 

Alors qu’il y a deux ans, la demande commençait à dépasser l’offre, c’est aujourd’hui l’inverse. Nous assistons à une grave crise de la demande, résultat de la hausse des prix du café, d’une inflation généralisée et du tassement du pouvoir d’achat. Les gens boivent moins de café et moins bons ! 

Il y a des invendus de café dans tous les entrepôts des exportateurs Ethiopiens qui manquent de liquidités pour envisager la récolte qui s’annonce et acheter les cerises aux producteurs. 

La logique voudrait que les cours du café éthiopien baissent et que les exportateurs n’achètent qu’une partie de la production, ce qui engendrerait un effet ciseau dramatique pour bons nombre de producteurs, ainsi qu’une baisse de la production et de la qualité qui demande des investissements que les producteurs n’ont pas. 





La brume se lève peu à peu... Crédit photo : Fabrice Leseigneur



C’est dans ces conditions que nous débarquons en Éthiopie pour rendre visite à nos deux partenaires principaux, Khalid Shifa – KSF Farm - dans la province de Jimma, et Negussie Tedesse - Tatmara Farm-  dans la province de Kaffa. Nous ne les avions pas vu depuis 2019.  

Je souhaite renforcer encore les liens qui nous unissent en leur proposant un partenariat renouvelé de trois ans avec un prix minimum qui garantit le coût de production et la marge du producteur, et un prix maximum qui garantit des prix accessibles à nos clients, le coût des cafés éthiopiens ayant explosé la saison dernière. 

Bien sûr, Terres de Café s’engageait à augmenter les volumes achetés chaque année. 

La tendance actuelle du marché qui met tout simplement en péril le développement de notre filière du café de spécialité, ne fait que renforcer ma conviction qu’il faut sécuriser nos approvisionnements en fournissant à « nos » producteurs des prix d’achat convenables et une visibilité sur plusieurs années, une sécurité réciproque en somme qui nous permet de travailler sereinement et d’établir des plans pour l’avenir. 

Nous arrivons au petit matin dans la ferme de Khalid, ensevelie de brume blanche, à se croire dans une station de ski. 

Une banderole d’un goût certain nous accueille. 

Quelle joie de retrouver Khalid, ainsi que son fidèle et dévoué Mamoushe. Quatre ans plus tôt, nous avions passé huit jours consécutifs ensemble dans la ferme à explorer différents procédés de fermentation, au rythme de la ferme, cela crée des souvenirs et des liens. 

La brume s’estompe doucement et la ferme se dévoile peu à peu, toujours si belle, avec la forêt majestueuse en contrebas des lits de séchage que le staff réinstalle à l’approche imminente des récoltes.  

Nous prenons le café à l’Éthiopienne, échangeons grâce à mon ami Shambe qui assure la traduction, puis partons en forêt. 

Rien n’a changé, et la vision des caféiers de verger, puis des caféiers de forêt m’émeut toujours autant, et fascinent Loïc Péneau de Terres de Café Saint Honoré, qui fait son premier voyage en Éthiopie, LE pays du café. 



De gauche à droite :  Christophe Servell, Khalid Shifa & Tim Wendelboe. Crédit photo : Fabrice Leseigneur

Nous parcourons la parcelle des « Old Trees » plantés par le père de Khalid il y a 60 ans, et sur lesquels Mamoushe grimpe pour récolter les premiers fruits murs. 

Nous nous enfonçons dans la forêt ou les caféiers constituent une première canopée, à l’abri des grands arbres protecteurs et nourriciers. Impensable de réaliser que la veille, nous étions encore à Paris. 

Jamais ces sols n’ont reçu un brin d’engrais chimique et naturel, ou une goutte de pesticide. La vie est partout, sur et dans les sols. Les oiseaux et les insectes constituent un fond sonore puissant et agréable, ponctués par les hurlements des singes qui nous préviennent que nous entrons sur leur territoire. 

Deux jours d’échanges, de repas partagés et de promenades vont ainsi s’écouler. Nous nous mettons d’accord avec Khalid sur notre partenariat et nous attendons Tim Wendelboe, torréfacteur norvégien, l’autre partenaire de la ferme. 

Tim passe du temps avec Khalid, puis il est temps de partir pour Tatmara, où nous sommes attendus pour l’inauguration d’une station de lavage de café que nous  avons conjointement financé avec Tim et Belco…

Christophe Servell

A suivre, la partie 2, Tatmara Farm...